La Curée

La Curée (paragraphe n°210)

Chapitre I

Mais un des charmes de ce jardin d'hiver était, aux quatre coins, des antres de verdure, des berceaux profonds, que recouvraient d'épais rideaux de lianes. Des bouts de forêt vierge avaient bâti, en ces endroits, leurs murs de feuilles, leurs fouillis impénétrables de tiges, de jets souples, s'accrochant aux branches, franchissant le vide d'un vol hardi, retombant de la voûte comme des glands de tentures riches. Un pied de Vanille, dont les gousses mûres exhalaient des senteurs pénétrantes, courait sur la rondeur d'un portique garni de mousse ; les Coques du Levant tapissaient les colonnettes de leurs feuilles rondes ; les Bauhinias, aux grappes rouges, les Quisqualus, dont les fleurs pendaient comme des colliers de verroterie, filaient, se coulaient, se nouaient, ainsi que des couleuvres minces, jouant et s'allongeant sans fin dans le noir des verdures.

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