La Terre

La Terre (paragraphe n°1008)

Chapitre IV

La nuit tombait, une étoile brillait déjà au fond du ciel couleur de violette. On ne distinguait, sous le crépuscule croissant, que les rondeurs vagues des premières meules, qui bossuaient l'étendue rase des prairies. Mais les odeurs de la terre chaude s'exhalaient plus fortes, dans le calme de l'air, et les bruits s'entendaient davantage, prolongés, d'une limpidité musicale. C'étaient des voix d'hommes et de femmes, desrires mourants, l'ébrouement d'une bête, le heurt d'un outil ; tandis que, s'entêtant sur un coin de pré, les faucheurs allaient toujours, sans relâche ; et le sifflement des faux montait encore, large, régulier, de cette besogne qu'on ne voyait plus.

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