La Terre

La Terre (paragraphe n°1101)

Chapitre V

Le conseil le connaissait bien, ce plan. Depuis des années, il traînait là. Mais ils ne s'en rapprochèrent pas moins tous, ils s'accoudèrent, songèrent une fois de plus. Le maire énumérait les avantages, pour Rognes : une pente douce permettant aux voitures de monter à l'église ; puis, deux heures épargnées, sur la route actuelle de Châteaudun qui passait par Cloyes ; et la commune n'aurait que trois kilomètres à sa charge, leurs voisins de Blanville ayant voté déjà l'autre tronçon, jusqu'au raccordement avec la grand-route de Châteaudun à Orléans. On l'écoutait, les yeux restaient cloués sur le papier, sans qu'une bouche s'ouvrît. Ce qui avait empêché le projet d'aboutir, c'était avant tout la question des expropriations. Chacun y voyait une fortune, s'inquiétait de savoir si une pièce à lui était touchée, s'il vendrait de sa terre cent francs la perche à la commune. Et, s'il n'avait pas de champ entamé, pourquoi donc aurait-il voté l'enrichissement des autres ? Il se moquait bien de la pente plus douce, de la route plus courte ! Son cheval tirerait davantage, donc !

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