La Terre

La Terre (paragraphe n°1879)

Partie : TROISIEME PARTIE, chapitre V

Par terre, Lise, entre ses trois chaises, était parcourue d'une houle, qui lui descendait des flancs, sous la peau, pour aboutir, au fond des cuisses, en un élargissement continu des chairs. Et Françoise, qui jusque-là n'avait pas vu, dans sa désolation, demeura tout d'un coup stupéfaite, debout devant sa sœur, dont la nudité lui apparaissait en raccourci, rien que les angles relevés des genoux, à droite et à gauche de la boule du ventre, que creusait une cavité ronde. Cela était si inattendu, si défiguré, si énorme, qu'elle n'en fut pas gênée. Jamais elle ne se serait imaginé une chose pareille, le trou bâillant d'un tonneau défoncé, la lucarne grande ouverte du fenil, par où l'on jetait le foin, et qu'un lierre touffu hérissait de noir. Puis, quand elle remarqua qu'une autre boule, plus petite, la tête de l'enfant, sortait et rentrait à chaque effort, dans un perpétuel jeu de cache-cache, elle fut prise d'une si violente envie de rire, qu'elle dut tousser, pour qu'on ne la soupçonnât pas d'avoir mauvais cœur.

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