La Terre

La Terre (paragraphe n°2648)

Chapitre V

Mais Canon souriait toujours, avec la belle confiance d'un croyant. Renversé, le dos contre la muraille, il s'y frottait une épaule après l'autre, dans un léger dandinement de caresse inconsciente. Et il expliquait l'affaire, cette révolution dont l'annonce de ferme en ferme, mystérieuse, mal comprise, épouvantait les maîtres et les serviteurs. D'abord, les camarades de Paris s'empareraient du pouvoir : ça se passerait peut-être naturellement, on aurait à fusiller moins de monde qu'on ne croyait, tout le grand bazar s'effondrerait de lui-même, tant il était pourri. Puis, lorsqu'on serait les maîtres absolus, dès le soir, on supprimerait la rente, on s'emparerait des grandes fortunes, de façon que la totalité de l'argent, ainsi que les instruments du travail, feraient retour à la nation ; et l'on organiserait une société nouvelle, une vaste maison financière, industrielle et commerciale, une répartition logique du labeur et du bien-être. Dans les campagnes, ce serait plus simple encore. On commencerait par exproprier les possesseurs du sol, on prendrait la terre...

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