Son Excellence Eugène Rougon

Son Excellence Eugène Rougon (paragraphe n°137)

Chapitre I

Très jolie encore, cette image. Et cela était certainement permis : des députés l'affirmaient, en hochant doucement la tête. Mais le rapport commençait à paraître un peu long. Beaucoup de membres redevenaient graves ; plusieurs même regardaient les tribunes du coin de l'œil, en gens pratiques qui éprouvaient quelque ennui à se montrer ainsi, dans le déshabillé de leur politique. D'autres s'oubliaient, la face terreuse, songeant à leursaffaires, battant de nouveau du bout des doigts l'acajou de leurs pupitres ; et, vaguement, dans leur mémoire, passaient d'anciennes séances, d'anciens dévouements, qui acclamaient des pouvoirs au berceau. Monsieur La Rouquette se tournait fréquemment pour voir l'heure ; quand l'aiguille marqua trois heures moins un quart, il eut un geste désespéré ; il manquait un rendez-vous. Côte à côte, monsieur Kahn et monsieur Béjuin restaient immobiles, les bras croisés, les paupières clignotantes, passant des grands panneaux de velours vert au bas-relief de marbre blanc, que la redingote du président tachait de noir. Et, dans la tribune diplomatique, la belle Clorinde, la jumelle toujours braquée, s'était remise à examiner longuement Rougon, qui gardait à son banc une attitude superbe de taureau assoupi.

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