Le marché aux fleurs Charlieu

peinture 705 Marché Charlieu Firmin-Girard

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"Cette année le tableau de Firmin-Girard, Le Marché aux Fleurs, est en ce sens un véritable événement. Si vous désirez le voir, il faut faire la queue longtemps, car il y a toujours cinquante dos rangés devant. Rien de plus caractéristique que cet engouement. Firmin-Girard ne s'est même pas donné la peine de se creuser la tête. Il a pris tout simplement un coin du marché aux fleurs situé quai Ratouche ; au fond on voit le pont Notre-Dame et les maisons fermant l'horizon ; dans le marché sont assises les vendeuses de fleurs ; les passants, les acheteurs, sont là en foule. Mais ce qui constitue l'attrait prodigieux de la toile, c'est la perfection des détails, une perfection poussée jusqu'à l'impossible. Les gens la regardent comme ils regarderaient quelque curiosité, quelque mystification. Ils tombent en extase devant les petits bonshommes de quelques centimètres de haut, et poussent des cris de joie quand ils peuvent additionner les boutons de gilet, distinguer le dessin des dentelles, compter les bouquets de giroflées dans chaque corbeille. J'ai stationné une demi-heure devant ce tableau, à écouter les exclamations. [...] Et pourtant, à parler froidement, cette oeuvre est tout bellement une mauvaise action, car elle corrompt le goût du public. Elle lui fait prendre pour de l'art ce qui n'est que dextérité et patience. C'est un art sec, sans vie, qui interprète la nature vivante comme un peintre d'objets inanimés interprète l'orfèvrerie. Tout y est tranchant, tout y est faux : le dessin pauvre, les couleurs voyantes, l'ensemble trivial. Lorsqu'il y a tout, il n'y a rien, disait notre grand Corot. Et il avait raison ; en regardant Le Marché aux Fleurs, vous avez le sentiment d'avoir chaussé des lunettes pour myope, qui vous aveuglent tellement les détails se détachent les uns des autres. On doit rendre la nature autrement, avec plus de fond et des contours plus vaporeux". (Emile Zola, Le Salon de 1876, Lettres de Paris, juin 1876).

Auteur

François-Marie Firmin-Girard (1838-1921)

Date

1876

Origine

Collection particulière

Mots cles

  • Firmin-Girard
  • Salon