Au Bonheur des dames

Au Bonheur des dames (paragraphe n°159)

Chapitre I

Mais, voyons, toi qui es de la partie, dis-moi s'il est raisonnable qu'un simple magasin de nouveautés se mette à vendre de n'importe quoi. Autrefois, quand le commerce était honnête, les nouveautés comprenaient les tissus, pas davantage. Aujourd'hui, elles n'ont plus que l'idée de monter sur le dos des voisins et de tout manger... Voilà ce dont le quartier se plaint, car les petites boutiques commencent à y souffrir terriblement. Ce Mouret les ruine... Tiens ! Bédoré et sœur, la bonneteriede la rue Gaillon, a déjà perdu la moitié de sa clientèle. Chez mademoiselle Tatin, la lingère du passage Choiseul, on en est à baisser les prix, à lutter de bon marché. Et l'effet du fléau, de cette peste, se fait sentir jusqu'à la rue Neuve-des-Petits-Champs, où je me suis laissé dire que messieurs Vanpouille frères, les fourreurs, ne pouvaient tenir le coup... Hein ? des calicots qui vendent des fourrures, c'est trop drôle ! une idée du Mouret encore !

?>