Au Bonheur des dames

Au Bonheur des dames (paragraphe n°982)

Chapitre V

D'habitude, l'après-midi, Pauline et lui rentraient dîner à Paris, pour finir leur journée dans un théâtre. Mais, sur le désir de Denise, ils décidèrent qu'on resterait à Joinville ; ce serait drôle, on se donnerait de la campagne par-dessus la tête. Et, tout l'après-midi, ils battirent les champs. Un instant, l'idée d'une promenade en canot fut discutée ; puis, ils l'abandonnèrent, Baugé ramait trop mal. Mais leur flânerie, au hasard des sentiers, revenait quand même le long de la Marne ; ilss'intéressaient à la vie de la rivière, aux escadres de yoles et de norvégiennes, aux équipes de canotiers qui la peuplaient. Le soleil baissait, ils retournaient vers Joinville, lorsque deux yoles, descendant le courant et luttant de vitesse, échangèrent des bordées d'injures, où dominaient les cris répétés de " caboulots " et de " calicots ".

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