Germinal

Germinal (paragraphe n°2843)

Partie : Septième partie, chapitre III

Alors, commença une effroyable bousculade. De chaque galerie, des files d'ouvriers arrivaient au galop, se ruaient à l'assaut des cages. On s'écrasait, on se tuait pour être remonté tout de suite. Quelques-uns, qui avaient eu l'idée de prendre le goyot des échelles, redescendirent en criant que le passage y était bouché déjà. C'était l'épouvante de tous, après chaque départ d'une cage : celle-là venait de passer, mais qui savait si la suivante passerait encore, au milieu des obstacles dont le puits s'obstruait ? En haut, la débâcle devait continuer, on entendait une série de sourdes détonations, les bois qui se fendaient, qui éclataient dans le grondement continu et croissant de l'averse. Une cage bientôt fut hors d'usage, défoncée, ne glissant plus entre les guides, rompues sans doute. L'autre frottait tellement, que le câble allait casser bien sûr. Et il restait une centaine d'hommes à sortir, tous râlaient, se cramponnaient, ensanglantés, noyés. Deux furent tués par des chutes de planches. Un troisième, qui avait empoigné la cage, retomba de cinquante mètres et disparut dans le bougnou.

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