Germinal

Germinal (paragraphe n°2854)

Partie : Septième partie, chapitre III

Le premier soin de Négrel fut d'envoyer chercher monsieur Hennebeau et de vouloir fermer la fosse. Mais il était déjà trop tard, les charbonniers qui avaient galopé au coron des Deux-Cent-Quarante, comme poursuivis par les craquements du cuvelage, venaient d'épouvanter les familles ; et des bandes de femmes, des vieux, des petits, dévalaient en courant, secoués de cris et de sanglots. Ilfallut les repousser, un cordon de surveillants fut chargé de les maintenir, car ils auraient gêné les manœuvres. Beaucoup des ouvriers remontés du puits demeuraient là, stupides, sans penser à changer de vêtements, retenus par une fascination de la peur, en face de ce trou effrayant où ils avaient failli rester. Les femmes, éperdues autour d'eux, les suppliaient, les interrogeaient, demandaient les noms. Est-ce que celui-ci en était ? et celui-là ? et cet autre ? Ils ne savaient pas, ils balbutiaient, ils avaient de grands frissons et des gestes de fous, des gestes qui écartaient une vision abominable, toujours présente. La foule augmentait rapidement, une lamentation montait des routes. Et, là-haut, sur le terri, dans la cabane de Bonnemort, il y avait, assis par terre, un homme, Souvarine, qui ne s'était pas éloigné, et qui regardait.

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