Germinal

Germinal (paragraphe n°2883)

Partie : Septième partie, chapitre III

Alors, l'attente commença. Il était midi, personne n'avait mangé, et personne ne s'éloignait. Dans le ciel brumeux, d'un gris sale, passaient lentement des nuées couleur de rouille. Un gros chien, derrière la haie de Rasseneur, aboyait violemment, sans relâche, irrité du souffle vivant de la foule. Et cette foule, peu à peu, s'était répandue dans les terres voisines, avait fait le cercle autour de la fosse, à cent mètres. Au centre du grand vide, le Voreux se dressait. Plus une âme, plus un bruit, un désert ; les fenêtres et les portes, restées ouvertes, montraient l'abandon intérieur ; un chat rouge, oublié, flairant la menace de cette solitude, sauta d'un escalier et disparut. Sans doute les foyers des générateurs s'éteignaient à peine, car la haute cheminée de briques lâchait de légères fumées, sous les nuages sombres ; tandis que la girouette du beffroi grinçait au vent, d'un petit cri aigre, la seule voix mélancolique de ces vastes bâtiments qui allaient mourir.

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