Germinal

Germinal (paragraphe n°2884)

Partie : Septième partie, chapitre III

A deux heures, rien n'avait bougé. Monsieur Hennebeau, Négrel, d'autres ingénieurs accourus, formaient un groupe de redingotes et de chapeaux noirs, en avant du monde ; et eux non plus ne s'éloignaient pas, les jambes rompues de fatigue, fiévreux, malades d'assister impuissants à un pareil désastre, ne chuchotant que de rares paroles, comme au chevet d'un moribond. Le cuvelage supérieur devait achever de s'effondrer, on entendait de brusques retentissements, des bruits saccadés de chute profonde, auxquels succédaient de grands silences. C'était la plaie qui s'agrandissait toujours : l'éboulement, commencé par le bas, montait, se rapprochait de la surface. Une impatience nerveuse avait pris Négrel, il voulait voir, et il s'avançait déjà, seul dans ce vide effrayant, lorsqu'on s'était jeté à ses épaules. A quoi bon ? il ne pouvait rien empêcher. Cependant, un mineur, un vieux, trompant la surveillance, galopa jusqu'à la baraque ; mais il reparut tranquillement, il était allé chercher ses sabots.

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