Germinal

Germinal (paragraphe n°2886)

Partie : Septième partie, chapitre III

Pendant une heure, le Voreux resta ainsi, entamé, comme bombardé par une armée de barbares. On ne criait plus, le cercle élargi des spectateurs regardait. Sous les poutres en tas du criblage, on distinguait les culbuteurs fracassés, les trémies crevées et tordues. Mais c'était surtout à la recette que les débris s'accumulaient, au milieu de la pluie des briques, parmi des pans de murs entiers tombés en gravats. La charpente de fer qui portait les molettes avait fléchi, enfoncée à moitié dans la fosse ; une cage était restée pendue, un bout de câble arraché flottait ; puis, il y avait une bouillie de berlines, de dalles de fonte, d'échelles. Par un hasard, la lampisterie, demeurée intacte, montrait à gauche les rangées claires de ses petites lampes. Et, au fond de sa chambre éventrée, on apercevait la machine, assise carrément sur son massif de maçonnerie : les cuivres luisaient, les gros membres d'acier avaient un air de muscles indestructibles, l'énorme bielle, repliée en l'air, ressemblait au puissant genou d'un géant, couché et tranquille dans sa force.

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