Germinal

Germinal (paragraphe n°2917)

Partie : Septième partie, chapitre IV

Lorsque Négrel et les ouvriers revinrent, une colère terrible les secoua. Ils frappaient la terre à coups de talon, comme une marâtre tuant au hasard ses enfants, dans les imbéciles caprices de sa cruauté. On se dévouait, on allait au secours de camarades, et il fallait encore y laisser des hommes ! Après trois grandes heures d'efforts et de dangers, quand on pénétra enfin dans les galeries, la remonte des victimes fut lugubre. Ni le porion ni les ouvriers n'étaient morts, mais des plaies affreuses les couvraient, exhalaient une odeur de chair grillée ; ils avaient bu le feu, les brûlures descendaient jusque dans leur gorge ; et ils poussaient un hurlement continu, suppliant qu'on les achevât. Des trois mineurs, un était l'homme qui, pendant la grève, avait crevé la pompe de Gaston-Marie d'un dernier coup de pioche ; les deux autres gardaient des cicatrices aux mains, les doigts écorchés, coupés, à force d'avoir lancé des briques sur les soldats. La foule, toute pâle et frémissante, se découvrit quand ils passèrent.

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