Germinal

Germinal (paragraphe n°3132)

Partie : Septième partie, chapitre VI

Pierron avait paru, avec la lampe à feu libre des porions, fixée dans le cuir de sa barrette. Depuis huit jours, il était chef d'équipe à l'accrochage, et les ouvriers s'écartaient, car les honneurs le rendaient fier. La vue d'Etienne l'ennuya, il s'approcha pourtant, finit par se rassurer, lorsque le jeune homme lui eut annoncé son départ. Ils causèrent. Sa femme tenait maintenant l'estaminet du Progrès, grâce à l'appui de tous ces messieurs, qui se montraient si bons pour elle. Mais, s'interrompant, il s'emporta contre le père Mouque, qu'il accusait de n'avoir pas remonté le fumier de ses chevaux, à l'heure réglementaire. Le vieux l'écoutait, courbait les épaules. Puis, avant de descendre, suffoqué de cette réprimande, il donna lui aussi une poignée de main à Etienne, la même que celle des autres, longue, chaude de colère rentrée, frémissante des rébellions futures. Et cette vieille main qui tremblait dans la sienne, ce vieillard quilui pardonnait ses enfants morts, l'émotionna tellement, qu'il le regarda disparaître, sans dire un mot.

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