Germinal

Germinal (paragraphe n°401)

Partie : Première partie, chapitre V

Il fallait débarrasser les cages, et du reste dix minutes manquaient encore pour l'heure de la remonte. Peu à peu, les chantiers se vidaient, des mineurs revenaient de toutes les galeries. Il y avait déjà là une cinquantaine d'hommes, mouillés et grelottants, sous les fluxions de poitrine qui soufflaient de partout. Pierron, malgré son visage doucereux, gifla sa fine Lydie, parce qu'elle avait quitté la taille avant l'heure. Zacharie pinçait sournoisement la Mouquette, histoire de se réchauffer. Mais le mécontentement grandissait, Chaval et Levaque racontaient la menace de l'ingénieur, la berline baissée de prix, le boisage payé à part ; et des exclamations accueillaient ce projet, une rébellion germait dans ce coin étroit, à près de six cents mètres sous la terre. Bientôt, les voix ne se continrent plus, ces hommes souillés de charbon, glacés par l'attente, accusèrent la Compagnie de tuer au fond une moitié de ses ouvriers, et de faire crever l'autre moitié de faim. Etienne écoutait, frémissant.

?>