L'Argent

L'Argent (paragraphe n°1958)

Chapitre XI

Dans le flot, les Jordan surtout l'émurent encore. Ils venaient, Paul et Marcelle, en bon ménage qui risquait toujours à deux les démarches graves, lui demander si leurs parents, les Maugendre, n'avaient réellement plus rien à tirer de leurs actions de l'Universelle. De ce côté, c'était aussi un désastre irréparable. Avant les grandes batailles des deux dernières liquidations, l'ancien fabricant de bâches possédait déjà soixante-quinze titres, qui lui avaient coûté environ quatre-vingt mille francs :affaire superbe, puisque, à un moment, au cours de trois mille francs, ces titres en représentaient deux cent vingt-cinq mille. Mais le terrible était que, dans la passion de la lutte, il avait joué à découvert, croyant au génie de Saccard, achetant toujours ; de sorte que d'effroyables différences à payer, plus de deux cent mille francs, venaient d'emporter le reste de sa fortune, ces quinze mille francs de rente gagnés si rudement par trente années de travail. Il n'avait plus rien, c'était à peine s'il en sortirait complètement acquitté, lorsqu'il aurait vendu son petit hôtel de la rue Legendre, dont il se montrait si fier. Et, dans ce désastre, madame Maugendre était certainement plus coupable que lui.

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