L'Argent

L'Argent (paragraphe n°255)

Chapitre II

Dès lors, Saccard songea à une autre retraite. Il allait louer une petite maison à Passy, un asile bourgeois de commerçant retiré, lorsqu'il se souvint que le rez-de-chaussée et le premier étage de l'hôtel d'Orviedo, rue Saint-Lazare, n'étaient toujours pas occupés, portes et fenêtres closes. La princesse d'Orviedo, installée dans trois chambres du second, depuis la mort de son mari, n'avait pas même fait mettre d'écriteau à la porte cochère, que les herbes envahissaient. Une porte basse, à l'autre bout de la façade, menait au deuxième étage, par un escalier de service. Et, souvent, en rapport d'affaires avec la princesse, dans les visites qu'il lui rendait, il s'étaitétonné de la négligence qu'elle apportait à tirer un parti convenable de son immeuble. Mais elle hochait la tête, elle avait sur les choses de l'argent des idées à elle. Pourtant, lorsqu'il se présenta pour louer en son nom, elle consentit tout de suite, elle lui céda, moyennant un loyer dérisoire de dix mille francs, ce rez-de-chaussée et ce premier étage somptueux, d'installation princière, qui en valait certainement le double.

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