L'Assommoir

L'Assommoir (paragraphe n°389)

Partie : Préface de l'auteur, chapitre II

Et Gervaise, très rouge, se rassit, leva les pieds, fit voir qu'il n'y avait rien. Coupeau avait ouvert la porte en criant : Bonsoir ! d'une voix brusque. Il l'appela, du corridor. Alors, elle sortit à son tour, après avoir balbutiéune phrase de politesse : elle espérait bien qu'on se reverrait et qu'on s'entendrait tous ensemble. Mais les Lorilleux s'étaient déjà remis à l'ouvrage, au fond du trou noir de l'atelier, où la petite forge luisait, comme un dernier charbon blanchissant dans la grosse chaleur d'un four. La femme, un coin de la chemise glissé sur l'épaule, la peau rougie par le reflet du brasier, tirait un nouveau fil, gonflait à chaque effort son cou, dont les muscles se roulaient, pareils à des ficelles. Le mari, courbé sous la lueur verte de la boule d'eau, recommençant un bout de chaîne, ployait la maille à la pince, la serrait d'un côté, l'introduisait dans la maille supérieure, la rouvrait à l'aide d'une pointe, continuellement, mécaniquement, sans perdre un geste pour essuyer la sueur de sa face.

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