L'Œuvre

L'Œuvre (paragraphe n°1782)

Chapitre IX

Puis, les genoux cassés, Christine s'abattit devant le lit ; et elle pleurait à grands sanglots, qui la secouaient toute, les bras tordus, le front au bord du matelas. Dans ce premier moment terrible, son désespoir s'aggravait surtout d'un poignant remords, celui de ne l'avoir pas aimé assez, le pauvre enfant. Une vision rapide déroulait les jours, chacun d'eux lui apportait un regret, des paroles mauvaises, des caresses différées, des rudesses même parfois. Et c'était fini, jamais plus elle ne ledédommagerait du vol qu'elle lui avait fait de son cœur. Lui qu'elle trouvait si désobéissant, il venait de trop obéir. Elle lui avait tant de fois répété, quand il jouait : " Tiens-toi tranquille, laisse travailler ton père ! " qu'à la fin il était sage, pour longtemps. Cette idée la suffoqua, chaque sanglot lui arrachait un cri sourd.

?>