L'Œuvre

L'Œuvre (paragraphe n°2273)

Chapitre XII

Voyons, il y a la vie... Chasse ton cauchemar, et vivons, vivons ensemble... N'est-ce pas trop bête de n'êtreque deux, de vieillir déjà, et de nous torturer, de ne pas savoir nous faire du bonheur ? La terre nous prendra assez tôt, va ! tâchons d'avoir un peu chaud, de vivre, de nous aimer. Rappelle-toi, à Bennecourt !... Ecoute mon rêve. Moi, je voudrais t'emporter demain. Nous irions loin de ce Paris maudit, nous trouverions quelque part un coin de tranquillité, et tu verrais comme je rendrais l'existence douce, comme ce serait bon, d'oublier tout aux bras l'un de l'autre... Le matin, on dort dans son grand lit ; puis, ce sont des flâneries au soleil, le déjeuner qui sent bon, l'après-midi paresseux, la soirée passée sous la lampe. Et plus de tourments pour des chimères, et rien que la joie de vivre !... Cela ne te suffit donc pas que je t'aime, que je t'adore, que je consente à être ta servante, à exister uniquement pour ton plaisir... Entends-tu, je t'aime, je t'aime, et il n'y a rien de plus, c'est assez, je t'aime !

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