L'Œuvre

L'Œuvre (paragraphe n°750)

Chapitre V

A ce moment de la journée, le jardin était presque vide, il n'y avait du monde qu'au buffet, sous l'horloge, la cohue des gens en train de déjeuner là. Toute la foule se trouvait au premier étage, dans les salles ; et, seules, les statues blanches bordaient les allées de sable jaune, qui découpaient crûment le dessin vert des gazons. C'était un peuple de marbre immobile, que baignait la lumière diffuse, descendue comme en poussière des vitres hautes. Au midi, des stores de toile barraient une moitié de la nef, blonde sous le soleil, tachée aux deux bouts par lesrouges et les bleus éclatants des vitraux. Quelques visiteurs, harassés déjà, occupaient les chaises et les bancs tout neufs, luisants de peinture ; tandis que les vols des moineaux qui habitaient, en l'air, la forêt des charpentes de fonte, s'abattaient avec des petits cris de poursuite, rassurés et fouillant le sable.

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