La Bête humaine

La Bête humaine (paragraphe n°1232)

Chapitre VII

Tout de suite, en effet, Cabuche, Ozil, Misard avaient pris des pelles, pour se joindre à Pecqueux et au conducteur-chef, qui attaquaient déjà la neige. La petite équipe s'efforçait de dégager la machine, fouillant sous les roues, rejetant les pelletées contre le talus. Personne n'ouvrait plus la bouche, on n'entendait que cet encagement silencieux, dans le morne étouffement de la campagne blanche. Et, lorsque la petite troupe desvoyageurs s'éloigna, elle eut un dernier regard vers le train, qui restait seul, ne montrant plus qu'une mince ligne noire, sous l'épaisse couche qui l'écrasait. On avait refermé les portières, relevé les glaces. La neige tombait toujours, l'ensevelissait lentement, sûrement, avec une obstination muette.

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