La Bête humaine

La Bête humaine (paragraphe n°1922)

Chapitre XI

Etranglé, il ne soufflait plus. Une clameur de foule, dans son crâne, l'empêchait d'entendre ; tandis que des morsures de feu, derrière les oreilles, lui trouaient la tête, gagnaient ses bras, ses jambes, le chassaient de son propre corps, sous le galop de l'autre, la bête envahissante. Ses mains n'allaient plus être à lui, dans l'ivresse trop forte de cette nudité de femme. Les seins nus s'écrasaient contre ses vêtements, le cou nu se tendait, si blanc, si délicat, d'une irrésistible tentation ; et l'odeur chaude et âpre, souveraine, achevait de le jeter àun furieux vertige, un balancement sans fin, où sombrait sa volonté, arrachée, anéantie.

?>