La Bête humaine

La Bête humaine (paragraphe n°2068)

Chapitre XII

Quelques jours se passèrent. Jacques avait repris son service, évitant les camarades, retombé dans sa sauvagerie anxieuse d'autrefois. La guerre venait d'être déclarée, après d'orageuses séances à la Chambre ; et il y avait déjà eu un petit combat d'avant-poste, heureux, disait-on. Depuis une semaine, les transports de troupes écrasaient de fatigue le personnel des chemins de fer. Les services réguliers étaient détraqués, de continuels trains imprévus amenaient des retards considérables ; sans compter qu'on avait réquisitionné les meilleurs mécaniciens, pour activer la concentration des corps d'armée. Et ce fut ainsi qu'un soir, au Havre, Jacques, au lieu de son express habituel, eut à conduire un train énorme, dix-huit wagons, absolument bondés de soldats.

?>