La Bête humaine

La Bête humaine (paragraphe n°437)

Chapitre III

C'était vrai. Victoire, son aînée de deux ans, devenue énorme et difficile à remuer, glissait des pièces de cent sous dans ses poches, afin qu'il prît du plaisir dehors. Jamais elle n'avait beaucoup souffert de ses infidélités, ducontinuel guilledou qu'il courait, par un besoin de nature ; et maintenant l'existence était réglée, il avait deux femmes, une à chaque bout de la ligne, sa femme à Paris pour les nuits qu'il y couchait, et une autre au Havre pour les heures d'attente qu'il y passait, entre deux trains. Très économe, vivant chichement elle-même, Victoire, qui savait tout et qui le traitait maternellement, répétait volontiers qu'elle ne voulait pas le laisser en affront avec l'autre, là-bas. Même, à chaque départ, elle veillait sur son linge, car il lui aurait été très sensible que l'autre l'accusât de ne pas tenir leur homme proprement.

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