La Bête humaine

La Bête humaine (paragraphe n°457)

Chapitre III

Comme Roubaud rentrait sous la marquise, neuf heures allaient sonner. Il marcha jusqu'au fond, près des messageries, regarda, sans paraître trouver ce qu'il cherchait ; puis, il revint, du même pas d'impatience. Successivement, il interrogea des yeux les bureaux des différents services. A cette heure, la gare était calme, déserte ; et il s'y agitait seul, l'air de plus en plus énervé de cette paix, dans ce tourment de l'homme, menacé d'une catastrophe, qui finit par souhaiter ardemment qu'elle éclate. Son sang-froid était à bout, il ne pouvait tenir en place. Maintenant, ses yeux ne quittaient plus l'horloge. Neuf heures, neuf heures cinq. D'ordinaire, il ne remontait chez lui qu'à dix heures, après le départ du train de neuf heures cinquante, pour déjeuner. Et, tout d'un coup, il remonta, à la pensée de Séverine, qui, elle aussi, là-haut, devait attendre.

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