La Bête humaine

La Bête humaine (paragraphe n°458)

Chapitre III

Dans le couloir, à cette minute précise, madame Lebleu ouvrait à Philomène, venue en voisine, décoiffée, et tenant deux œufs. Elles restèrent, il fallut bien que Roubaud rentrât chez lui, sous leurs yeux braqués. Il avait sa clef, il se hâta. Tout de même, dans le va-et-vient rapide de la porte, elles aperçurent Séverine, assise sur une chaise de la salle à manger, les mains oisives, le profil pâle, immobile. Et, attirant Philomène, s'enfermant à son tour, madame Lebleu raconta qu'elle l'avait déjà vue de la sorte, le matin : sans doute l'histoire du sous-préfet qui tournait mal. Mais non, Philomène expliquaqu'elle accourait, parce qu'elle avait des nouvelles ; et elle répéta ce qu'elle venait d'entendre dire au sous-chef lui-même. Alors, les deux femmes se perdirent en conjectures. C'étaient ainsi, à chacune de leurs rencontres, des commérages sans fin.

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