La Conquête de Plassans

La Conquête de Plassans (paragraphe n°1025)

Chapitre XI

Seul, monsieur de Condamin se mit à rire. Les autres personnes prirent un air froid. Madame Paloque, comprenant qu'elle venait de se faire du tort, essaya de tourner la chose en plaisanterie. Cependant, dans les coins, on causait de l'abbé Fenil. La grande curiosité était de savoir s'il allait venir. Monsieur de Bourdeu, un des amis du grand vicaire, raconta doctement qu'il était souffrant. La nouvelle de cette indisposition fut accueillie par des sourires discrets. Tout le monde était au courant de la révolution qui avait eu lieu à l'évêché. L'abbé Surin donnait à ces dames des détails très curieux sur l'horrible scène survenue entre Monseigneur et le grand vicaire. Ce dernier, battu par Monseigneur, faisait raconter qu'une attaque de goutte le clouait chez lui. Mais ce n'était pas là un dénouement, et l'abbé Surin ajoutait que " l'on enverrait bien d'autres. " Cela se répétait à l'oreille avec de petites exclamations, des hochements de tête, des moues de surprise et de doute. Pour l'instant, du moins, c'était l'abbé Faujas qui l'emportait. Aussi les belles dévotes se chauffaient-elles doucement à ce soleil levant.

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