La Conquête de Plassans

La Conquête de Plassans (paragraphe n°1108)

Chapitre XII

Le président parut flatté du rôle destiné à son fils. Aussi les choses furent-elles ainsi convenues, malgré la résistance du juge de paix, qui avait espéré tirer quelque gloire de la fondation du cercle. Dès le lendemain, Séverin Rastoil et Lucien Delangre se mirent en rapport avec l'abbé Faujas. Séverin était un grand jeune homme de vingt-cinq ans, le crâne mal fait, la cervelle obtuse, qui venait d'être reçu avocat, grâce à la position occupée par son père ; celui-ci rêvait anxieusement d'en faire un substitut, désespérant de lui voir se créer une clientèle. Lucien, au contraire, petit de taille, l'œil vif, la tête futée, plaidait avec l'aplomb d'un vieux praticien, bien que plus jeune d'une année ; la Gazette de Plassans l'annonçait comme une lumière future du barreau. Ce fut surtout à ce dernier que l'abbé donna les instructions les plus minutieuses ; le fils du président faisait les courses, crevait d'importance. En trois semaines, le cercle de la Jeunesse fut créé et installé.

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