La Conquête de Plassans

La Conquête de Plassans (paragraphe n°1123)

Chapitre XII

Les fils Maffre, consternés, supplièrent Lucien Delangre d'arranger les choses de façon à éviter un éclat. Lucien soumit la difficulté à son conseiller ordinaire, l'abbé Faujas, pour lequel il s'était pris d'une admiration de disciple. L'abbé, tous les après-midi, de cinq à six heures, venait au cercle de la Jeunesse. Il traversait la grande salle d'un air affable, saluant, s'arrêtant parfois, debout devant une table, à causer quelques minutes avec un groupe de jeunes gens. Jamais il n'acceptait rien, pas même un verre d'eau pure. Puis, il entrait dans le salon de lecture, s'asseyait devant la grande table couverte d'un tapis vert, lisait attentivement tous les journaux que recevait le cercle, les feuilles légitimistes de Paris et des départements voisins. Parfois, il prenait une note rapide, sur un petit carnet. Après quoi, il se retirait discrètement, souriant de nouveau aux habitués, leur donnant des poignées de main. Certains jours, pourtant, il demeurait plus longtemps, s'intéressait à une partie d'échecs, parlaitavec gaieté de toutes choses. Les jeunes gens, qui l'aimaient beaucoup, disaient de lui :

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