La Conquête de Plassans

La Conquête de Plassans (paragraphe n°1379)

Chapitre XV

Elle était heureuse de ces coups. La main de fer qui la pliait, la main qui la retenait au bord de cette adoration continue, au fond de laquelle elle aurait voulu s'anéantir, la fouettait d'un désir sans cesse renaissant. Elle restait néophyte, elle ne descendait que peu à peu dans l'amour, arrêtée brusquement, devinant d'autres profondeurs, ayant le ravissement de ce lent voyage vers des joies qu'elle ignorait. Ce grand repos qu'elle avait d'abord goûté dans l'église, cet oubli du dehors et d'elle-même, se changeait en une jouissance active, en un bonheur qu'elle évoquait, qu'elle touchait. C'était le bonheur dont elle avait vaguement senti le désir depuis sa jeunesse, et qu'elle trouvait enfin à quarante ans ; un bonheur qui lui suffisait, qui l'emplissait de ses belles années mortes, quila faisait vivre en égoïste, occupée à toutes les sensations nouvelles s'éveillant en elle comme des caresses.

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