La Conquête de Plassans

La Conquête de Plassans (paragraphe n°1526)

Chapitre XVI

Alors, une grande intimité s'établit entre Rose et madame Faujas ; la cuisinière était ravie d'avoir toujours là une personne qui consentît à l'écouter, pendant qu'elle tournait ses sauces. Elle s'entendait à merveille, d'ailleurs, avec la mère du prêtre, dont les robes d'indienne, le masque rude, la brutalité populacière la mettaient presque sur un pied d'égalité. Pendant des heures, elles s'attardaient ensemble devant leurs fourneaux éteints. Madame Faujas eut bientôt un empire absolu dans la cuisine ; elle gardait son attitude impénétrable, ne disait que ce qu'elle voulait bien dire, se faisait conter ce qu'elle désirait savoir. Elle décida du dîner des Mouret, goûta avant eux aux plats qu'elle leur envoyait ; souvent même Rose faisait à part des friandises destinées particulièrement à l'abbé, des pommes au sucre, des gâteaux de riz, des beignets soufflés. Les provisions se mêlaient, les casseroles allaient à la débandade, les deux dîners se confondaient, à ce point que la cuisinière s'écriait en riant, au moment de servir :

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