La Conquête de Plassans

La Conquête de Plassans (paragraphe n°1583)

Chapitre XVI

Marthe n'avait pas conscience du drame qui se nouait autour d'elle. La maison lui semblait simplement plus vivante, depuis que tout ce monde emplissait le vestibule, l'escalier, les corridors. On eût dit le vacarme d'un hôtel garni, avec le bruit étouffé des querelles, les portes battantes, la vie sans gêne et personnelle de chaque locataire, la cuisine flambante, où Rose semblait avoir toute une table d'hôte à traiter. Puis, c'était une procession continuelle de fournisseurs. Olympe, se soignant les mains, ne voulant plus laver la vaisselle, se faisait tout apporter du dehors, de chez un pâtissier de la rue de la Banne, qui préparait des repas pour la ville. Et Marthe souriait, se disait heureuse de ce branle de la maison entière ; elle n'aimait plus rester seule, avait besoin d'occuper la fièvre dont elle était brûlée.

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