La Conquête de Plassans

La Conquête de Plassans (paragraphe n°1663)

Chapitre XVII

L'abbé Faujas comprit lui-même la nécessité de ne pas employer la rudesse davantage. Il redoutait un éclat. Peu à peu, il laissa une plus grande liberté à Marthe, lui permettant les retraites, les longs chapelets, les prières répétées devant chaque station du chemin de la croix ; il lui permit même de venir deux fois par semaine, à son confessionnal de Saint-Saturnin. Marthe, n'entendant plus cette voix terrible qui l'accusait de sa piété comme d'un vice honteusement satisfait, pensa que Dieu lui avait fait grâce. Elle entra enfin dans les délices du paradis. Elle eut des attendrissements, des larmes intarissables qu'elle pleurait sans les sentir couler ; crises nerveuses, d'où elle sortait affaiblie, évanouie, comme si toute sa vie s'en était allée le long de ses joues. Rose la portait alors sur son lit, où elle restait pendant des heures avec les lèvres minces, les yeux entrouverts d'une morte.

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