La Conquête de Plassans

La Conquête de Plassans (paragraphe n°2086)

Chapitre XIX

Elle se laissa convaincre. Et ce fut le lendemain que le nom de Delangre courut d'un bout à l'autre de la ville. Des amis, disait-on, à force d'insistance, l'avaient décidé à accepter la candidature. Il s'y était longtemps refusé, se jugeant indigne, répétant qu'il n'était pas un homme politique, que messieurs de Lagrifoul et de Bourdeu, au contraire, avaient la longue expérience des affaires publiques. Puis, comme on lui jurait que Plassans avait justement besoin d'un député en dehors des partis, il s'était laissé toucher, mais en faisant les professions de foi les plus expresses. Il était bien entendu qu'il n'irait à la Chambre ni pour vexer, ni pour soutenir quand même le gouvernement ; qu'il se considérait uniquement comme le représentant des intérêts de la ville ; que, d'ailleurs, il voterait toujours pour la liberté dans l'ordre et pour l'ordre dans la liberté ; enfin qu'il resterait maire dePlassans, de façon à bien montrer le rôle tout conciliant, tout administratif, dont il consentait à se charger. De telles paroles parurent singulièrement sages. Les fins politiques du cercle du Commerce répétaient, le soir même, à l'envi :

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