La Conquête de Plassans

La Conquête de Plassans (paragraphe n°2119)

Chapitre XX

Quand elle revint, elle trouva de nouveau sa maîtresse assise, retombée dans une sorte de stupeur douloureuse, les regards sur la lampe. Elle la bouscula, la fit monter se mettre au lit. Marthe était devenue très peureuse. La nuit, disait-elle, elle voyait de grandes clartés sur les murs de sa chambre, elle entendait des coups violents à son chevet. Rose, maintenant, couchait àcôté d'elle, dans un cabinet, d'où elle accourait la rassurer, au moindre gémissement. Cette nuit-là, elle se déshabillait encore, lorsqu'elle l'entendit râler ; elle la trouva au milieu des couvertures arrachées, les yeux agrandis par une horreur muette, les poings sur la bouche, pour ne pas crier. Elle dut lui parler ainsi qu'à un enfant, écartant les rideaux, regardant sous les meubles, lui jurant qu'elle s'était trompée, que personne n'était là. Ces peurs se terminaient par des crises de catalepsie, qui la tenaient comme morte, la tête sur les oreillers, les paupières levées.

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