La Conquête de Plassans

La Conquête de Plassans (paragraphe n°2163)

Chapitre XX

Lui, s'était donné le jardin. Longtemps il avait jalousé Mouret en le voyant tailler ses arbres, sabler ses allées, arroser ses laitues ; il caressait le rêve d'avoir à son tour un coin de terre, où il bêcherait et planterait à son aise. Aussi, lorsque Mouret ne fut plus là, envahit-il le jardin avec des projets de bouleversements, detransformations complètes. Il commença par condamner les légumes. Il se disait d'âme tendre et aimait les fleurs. Mais le travail de la bêche le fatigua dès le second jour ; un jardinier fut appelé, qui défonça les carrés sous ses ordres, jeta au fumier les salades, prépara le sol à recevoir au printemps des pivoines, des rosiers, des lis, des graines de pied-d'alouette et de volubilis, des boutures d'œillets et de géraniums. Puis, une idée lui poussa : il crut comprendre que le deuil, l'air noir des plates-bandes, leur venait de ces grands buis sombres qui les bordaient, et il médita longuement d'arracher les buis.

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