La Conquête de Plassans

La Conquête de Plassans (paragraphe n°2228)

Chapitre XX

Mon Dieu, mon Dieu ! pourquoi vous êtes-vous retiré de moi ? Honteuse, comme blessée de la froideur muette des voûtes, Marthe quittait l'église avec la colèred'une femme dédaignée. Elle rêvait des supplices pour offrir son sang ; elle se débattait furieusement dans cette impuissance à aller plus loin que la prière, à ne pas se jeter d'un bond entre les bras de Dieu. Puis, rentrée chez elle, elle n'avait d'espoir qu'en l'abbé Faujas. Lui seul pouvait la donner à Dieu ; il lui avait ouvert les joies de l'initiation, il devait maintenant déchirer le voile entier. Et elle imaginait une suite de pratiques aboutissant à la satisfaction complète de son être. Mais le prêtre s'emportait, s'oubliait jusqu'à la traiter grossièrement, refusait de l'entendre, tant qu'elle ne serait point à genoux, humiliée, inerte, ainsi qu'un cadavre. Elle l'écoutait, debout, soulevée par une révolte de tout son corps, tournant contre lui la rancune de ses désirs trompés, l'accusant de la lâche trahison dont elle agonisait.

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