La Conquête de Plassans

La Conquête de Plassans (paragraphe n°2238)

Chapitre XX

Le jour où sa mère lui jura que l'abbé " se moquait d'elle, " Marthe se rendit à Saint-Saturnin, le cœur saignant, résolue à un appel suprême. Elle demeura là deux heures, dans l'église déserte, épuisant les prières, attendant l'extase, se torturant à chercher le soulagement. Des humilités l'aplatissaient sur les dalles, des révoltes la redressaient les dents serrées, tandis que tout son être, tendu follement, se brisait à ne saisir, à ne baiser que le vide de sa passion. Quand elle se leva, quand elle sortit, le ciel lui parut noir ; elle ne sentait pas le pavé sous ses pieds, et les rues étroites lui laissaient l'impression d'une immense solitude. Elle jeta son chapeau et son châle surla table de la salle à manger, elle monta droit à la chambre de l'abbé Faujas.

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