La Conquête de Plassans

La Conquête de Plassans (paragraphe n°2259)

Chapitre XX

Votre ciel est fermé. Vous m'avez menée jusque-là pour me heurter contre ce mur... J'étais bien tranquille, vous vous souvenez, quand vous êtes venu. Je vivais dans mon coin, sans un désir, sans une curiosité. Et c'est vous qui m'avez réveillée avec des paroles qui me retournaient le cœur. C'est vous qui m'avez fait entrer dans une autre jeunesse... Ah ! vous ne savez pas quelles jouissances vous me donniez, dans les commencements ! C'était une chaleur en moi, douce, qui allait jusqu'au bout de mon être. J'entendais mon cœur. J'avais une espérance immense. A quarante ans, cela me semblait ridicule parfois, et je souriais ; puis, je me pardonnais, tant je me trouvais heureuse... Mais, maintenant, je veux le reste du bonheur promis. Ça ne peut pas être tout. Il y a autre chose, n'est-ce pas ? Comprenez donc que je suis lasse de ce désir toujours en éveil, que ce désir m'a brûlée, que ce désir me met en agonie. Il faut que je me dépêche, à présent que je n'ai plus de santé ; je ne veux pas être dupe... Il y a autre chose, dites-moi qu'il y a autre chose.

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