La Conquête de Plassans

La Conquête de Plassans (paragraphe n°2282)

Chapitre XX

C'est moi qui l'ai envoyé aux Tulettes, reprit-elle, en lui imposant silence d'un geste énergique. Vous tous, vous me disiez qu'il était fou... Ah ! quelle vie intolérable ! Toujours, j'ai eu l'épouvante de la folie. Quand j'étais jeune, il me semblait qu'on m'enlevait le crâne et que ma tête se vidait. J'avais comme un bloc de glace dans le front. Eh bien ! cette sensation de froid mortel, je l'ai retrouvée, j'ai eu peur de devenir folle, toujours, toujours... Lui, on l'a emmené. J'ai laissé faire. Je ne savais plus. Mais, depuis ce temps, je ne peux fermer les yeux, sans le voir, là. C'est ce qui me rend singulière, ce qui me cloue pendant des heures à la mêmeplace, les yeux ouverts... Et je connais la maison, je l'ai dans les yeux. L'oncle Macquart me l'a montrée. Elle est toute grise comme une prison, avec des fenêtres noires.

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