La Conquête de Plassans

La Conquête de Plassans (paragraphe n°2287)

Chapitre XX

Ecoutez, Ovide, murmura-t-elle, je vous aime, et vous le savez, n'est-ce pas ? Je vous ai aimé, Ovide, le jour où vous êtes entré ici... Je ne vous le disais pas. Je voyais que cela vous déplaisait. Mais je sentais bien que vous deviniez mon cœur. J'étais satisfaite, j'espérais que nous pourrions être heureux un jour, dans une union toute divine... Alors, c'est pour vous que j'ai vidé la maison. Je me suis traînée sur les genoux, j'ai été votre servante... Vous ne pouvez pourtant pas être cruel jusqu'au bout. Vous avez consenti à tout, vous m'avez permis d'être à vous seul, d'écarter les obstacles qui nous séparaient. Souvenez-vous, je vous en supplie. Maintenant que me voilà malade, abandonnée, le cœur meurtri, la tête vide, il est impossible que vous me repoussiez... Nous n'avonsrien dit tout haut, c'est vrai. Mais mon amour parlait et votre silence répondait. C'est à l'homme que je m'adresse, ce n'est pas au prêtre. Vous m'avez dit qu'il n'y avait qu'un homme ici. L'homme m'entendra... Je vous aime, Ovide, je vous aime, et j'en meurs.

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