La Conquête de Plassans

La Conquête de Plassans (paragraphe n°271)

Chapitre III

Attendez donc, laissez-moi achever, continua Rose tranquillement. J'arrivais à mon but... Pour l'inviter à se confier, j'ai fini par lui parler de nous. J'ai dit que vous étiez monsieur François Mouret, un ancien négociant de Marseille, qui, en quinze ans, a su gagner une fortune dans le commerce des vins, des huiles et des amandes. J'ai ajouté que vous aviez préféré venir manger vos rentes à Plassans, une ville tranquille, où demeurent les parents de votre femme. J'ai même trouvé moyen de lui apprendre que madame était votre cousine ; que vous aviez quarante ans et elle trente-sept ; que vous faisiez très bon ménage ; que, d'ailleurs, ce n'était pas vous autres qu'on rencontrait souvent sur le cours Sauvaire. Enfin, toute votre histoire... Elle a paru très intéressée. Elle répondait toujours : " Oui, oui, " sans se presser. Quand je m'arrêtais, elle faisait un signe de tête, comme ça, pour me dire qu'elle entendait, que je pouvais continuer... Et, jusqu'à la nuit tombée, nous avons causé ainsi, en bonnes amies, le dos contre le mur.

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