La Conquête de Plassans

La Conquête de Plassans (paragraphe n°287)

Chapitre IV

Les rideaux de coton pendus aux deux fenêtres étaient si épais, que la chambre avait une pâleur crayeuse, un demi-jour de cellule murée. Cette chambre était immense, haute de plafond, avec un papier déteint et propre, d'un jaune effacé. Mouret se hasarda, marchant à petits pas sur le carreau, net comme une glace, dont il lui semblait sentir le froid sous la semelle de ses souliers. Il tourna sournoisement les yeux, examina le lit de fer, sans rideaux, aux draps si bien tendus qu'on eût dit un banc de pierre blanche posé dans un coin. La commode, perdue à l'autre bout de la pièce, une petite table placée au milieu, avec deux chaises, une devant chaque fenêtre, complétaient le mobilier. Pas un papier sur la table, pas un objet sur la commode, pas un vêtement aux murs : le bois nu, le marbre nu, le mur nu. Au-dessus de lacommode, un grand christ de bois noir coupait seul d'une croix sombre cette nudité grise.

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