La Conquête de Plassans

La Conquête de Plassans (paragraphe n°289)

Chapitre IV

Mais Mouret ne se pressait pas, il jouissait. Bien qu'il ne vît pas les choses singulières qu'il s'était vaguement promis de voir, la chambre avait pour lui, esprit fort, une odeur particulière. Elle sentait le prêtre, pensait-il ; elle sentait un homme autrement fait que les autres, qui souffle sa bougie pour changer de chemise, qui ne laisse traîner ni ses caleçons ni ses rasoirs. Ce qui le contrariait, c'était de ne rien trouver d'oublié sur les meubles ni dans les coins, qui pût lui donner matière à hypothèses. La pièce était, comme ce diable d'homme, muette, froide, polie, impénétrable. Sa vive surprise fut de ne pas y éprouver, ainsi qu'il s'y attendait, une impression de misère ; au contraire, elle lui produisait un effet qu'il avait ressenti autrefois, un jour qu'il était entré dans le salon très richement meublé d'un préfet de Marseille. Le grand christ semblait l'emplir de ses bras noirs.

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