La Conquête de Plassans

La Conquête de Plassans (paragraphe n°311)

Chapitre IV

Il cligna les yeux en regardant l'abbé, espérant peut-être que celui-ci allait lui demander quelles étaient ces allées et venues mystérieuses. Mais l'abbé ne broncha pas ; il examina l'impasse des Chevillottes, sans plus de curiosité ; il ramena paisiblement ses regards dans le jardin des Mouret. En bas, au bord de la terrasse, à sa place ordinaire, Marthe ourlait des serviettes. Elle avait d'abord brusquement levé la tête en entendant les voix ; puis, étonnée de reconnaître son mari en compagnie du prêtre, à une fenêtre du second étage, elle s'était remiseau travail. Elle semblait ne plus savoir qu'ils étaient là. Mouret avait pourtant haussé le ton, par une sorte de vantardise inconsciente, heureux de montrer qu'il venait enfin de pénétrer dans cet appartement obstinément fermé. Et le prêtre par instants arrêtait ses yeux tranquilles sur elle, sur cette femme dont il ne voyait que la nuque baissée, avec la masse noire du chignon.

?>