La Conquête de Plassans

La Conquête de Plassans (paragraphe n°348)

Chapitre IV

Plassans est fort curieux, au point de vue politique. Le coup d'Etat a réussi ici, parce que la ville estconservatrice. Mais, avant tout, elle est légitimiste et orléaniste, si bien que, dès le lendemain de l'Empire, elle a voulu dicter ses conditions. Comme on ne l'a pas écoutée, elle s'est fâchée, elle est passée à l'opposition. Oui, monsieur l'abbé, à l'opposition, L'année dernière, nous avons nommé député le marquis de Lagrifoul, un vieux gentilhomme d'une intelligence médiocre, mais dont l'élection a joliment embêté la sous-préfecture... Et regardez, le voilà, monsieur Péqueur des Saulaies ; il est avec le maire, monsieur Delangre. L'abbé regarda vivement. Le sous-préfet, très brun, souriait, sous ses moustaches cirées ; il était d'une correction irréprochable ; son allure tenait du bel officier et du diplomate aimable. A côté de lui, le maire s'expliquait, avec toute une fièvre de gestes et de paroles. Il paraissait petit, les épaules carrées, le masque fouillé, tournant au Polichinelle. Il devait parler trop.

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