La Conquête de Plassans

La Conquête de Plassans (paragraphe n°669)

Chapitre VII

L'abbé ne touchait que très rarement à de tels sujets ; au contraire, il parlait souvent charité. Marthe était très bonne ; les larmes montaient à ses yeux, au récit de la moindre infortune. Lui, paraissait se plaire à la voir ainsi frissonnante de pitié ; il avait chaque soir quelque nouvelle histoire touchante, il la brisait d'une compassion continue qui la faisait s'abandonner. Elle laissait tomber son ouvrage, joignait les mains, la face toute douloureuse, le regardant, pendant qu'il entrait dans des détails navrants sur les gens qui meurent de faim, sur les malheureux que la misère pousse aux méchantes actions. Alors elle lui appartenait, il aurait fait d'elle ce qu'il aurait voulu. Et souvent, à l'autre bout de la salle, une querelle éclatait, entre Mouret et madame Faujas, sur un quatorze de rois annoncé à tort ou sur une carte reprise dans un écart.

?>